A San Pedro d'Atacama, lorsque l'on commence à parler d'observatoires astronomiques seuls deux ou trois noms viennent à l'esprit des touristes, notamment des francophones : SPACE OBS (l'observatoire touristique du français Alain Maury), le VLT (Very Large Télescope) situé à environ 300kms de San Pedro à vol d'oiseau, et enfin l'observatoire international ALMA. Autrement dit trois structures qui n'ont que peu de chose en commun, si ce n'est bien sûr l'observation astronomique !
Le premier est une entreprise privée organisant des tours d'observation des étoiles (très) grand public avec plusieurs télescopes optiques semi-professionnels, le deuxième est le télescope optique le plus grand au monde et connu pour avoir été choisi pour le tournage de scènes d'un film de James Bond Quantum of Solace, enfin le troisième est le plus important radio-télescope professionnel au monde, situé à 5.000 mètres d'altitude sur le plateau de Chajnantor dans la cordillère des Andes.

Bref, résumé l'importance astronomique de cette partie du monde à seulement 2/3 observatoires, dont un qui s'apparente plus à un "business" qu'à un lieu dédié à la seule "beauté de la science", tout cela est des plus réducteurs ! Afin de pallier au manque d'information des visiteurs de San Pedro d'Atacama, nous avons décidé dans cet article de dresser un inventaire des télescopes professionnels des environs de notre village d'adoption.

Ils sont au nombre de 7 actuellement en activité, plus 3 ayant cessé d'observer, ainsi que 3 autres en projet ou en cours d'installation.

Le télescope optique VLT près d'Antofagasta (Photo : Eldesiertoflorido).

Le télescope optique VLT près d'Antofagasta (Photo : Eldesiertoflorido).

 

Plateau et volcan Chajnantor, cerro Toco et Pampa La Bola : au coeur de la radio-astronomie mondiale

Sa situation géographique proche du tropique du Capricorne* et ses caractéristiques climatiques font et feront du secteur Chajnantor un lieu privilégié pour l'installation de radio-télescopes spécialisés dans la réception d'ondes millimétriques et submillimétriques (les "micro-ondes") ; de télescopes observant dans un domaine invisible pour nos yeux d'humains !

 

* Situés à une latitude proche du tropique du Capricorne, ces observatoires bénéficient d'une large fenêtre d'observation du ciel de l'hémisphère sud. Ils ont également une partie du ciel en commun avec les observatoires de l'hémisphère nord, permettant la mise en place de partenariats scientifiques à l'échelle mondial.

Image : Googleearth / Montage : Eldesiertoflorido [Cliquez pour agrandir...]

Image : Googleearth / Montage : Eldesiertoflorido [Cliquez pour agrandir...]

 

Radio-astronomie, ondes millimétriques, submillimétriques, micro-ondes, kézaco !?!
Le spectre électromagnétique représente l'ensemble des rayonnements électromagnétiques, c'est à dire les transports d'énergie sans matière associé au concept de "photon" (particule médiatrice de l'interaction électromagnétique). Ces rayonnements sont classés en fonction de la longueur, la fréquence et l'énergie transportée par leurs ondes.

A l'intérieur de ce spectre électromagnétique, autrement dit de l'ensemble de ce que l'on appelle en physique la lumière (lumière "visible" + lumière "invisible" ou "noire"), les ondes millimétriques et submillimétriques correspondent à ce que l'on appelle les "micro-ondes", soit des ondes de grande longueur (entre 30 centimètres et un peu moins d'un millimètre) et de faible fréquence (entre 1 et 300 GigaHertz). Ce type de radiation électro-magnétique est comprise entre les ondes infrarouge (plus courtes...) et les ondes radio (plus longues...).

Au même titre que l'observation de la lumière visible émise par les objets cosmiques (galaxies, étoiles, comètes, planètes, ...), l'étude des rayonnements "invisibles" produites par ces mêmes objets permettent d'obtenir des informations essentielles à la compréhension de leur identité réelle, physique et chimique. Alors que les observatoires optiques s'intéresse au champ de la lumière visible et utilisent un système de miroirs concentrant cette lumière, les radio-télescopes quant à eux reçoivent et analysent à l'aide "d'antenne" généralement de forme parabolique les radiations issues du reste du champs électromagnétique : ondes radio, micro-ondes, infrarouge, ultraviolet, rayons X et rayons gamma.

Spectre électromagnétique (image : astrololo.fr)

Spectre électromagnétique (image : astrololo.fr)

Le saviez-vous ?
Dans votre cuisine, lorsque vous réchauffez un plat au four à micro-ondes, ce dernier émet des micro-ondes qui interagissent avec les molécules d'eau présentes dans votre nourriture. Plus précisément, les radiations produites par le "magnétron" de votre appareil freinent la rotation des molécules d'H2O provoquant ainsi un échauffement.
Cet appareil est l'exemple parfait de "sérendipité", c'est à dire d'une découverte faite par hasard, par erreur. Dirigeant d'une usine de magnétrons pour radar, Percy Spencer ressentit de la chaleur dans la poche de sa blouse alors qu'il passait à proximité d'un magnétron en activité. En plongeant la main dans sa poche, il constata que sa barre de chocolat y avait fondu !

 

Pourquoi les astronomes du monde entier veulent installer leurs radio-télescopes à Chajnantor ?
L'ennemi numéro un de la réception de micro-ondes sur Terre est la vapeur d'eau présente dans l'air, celle-ci absorbant ces ondes de faible énergie, celles-là mêmes que ces télescopes cherchent à capter depuis la surface de notre planète.
Pour pallier à cette situation, il s'agit donc pour ces observatoires de trouver un lieu situé en altitude (diminuant ainsi l'épaisseur de la couche atmosphérique entre eux et les objets astronomiques qu'ils souhaitent observer), mais possédant également un faible taux d'humidité dans l'air. Le secteur de Chajnantor près de San Pedro d'Atacama est, au regard de ces nécessités, le lieu idéal. Avec parfois moins de 5% d'humidité pour des altitudes allant de 4.800 mètres au dessus du niveau de la mer pour le site Pampa de La Bola, 5.000 mètres sur le site plateau de Chajnantor, 5.100 mètres pour le Cerro Toco, et jusqu'à plus de 5.600 mètres au sommet du volcan Chajnantor, cette partie de la cordillère des Andes chilienne est vite devenu le centre de la radio-astronomie mondiale.

 

Le saviez-vous ?

Autant donné que les radio-télescopes observent "l'invisible", comment se fait-il que nous puissions voir des photos astronomiques provenant de leurs observations ?
Et bien en réalité, les photos publiées par ces observatoires sont fabriquées à partir des informations brutes collectées par les antennes : des données chiffrées. A l'aide de logiciels d'imagerie on crée ensuite une représentation visuelle (en 2D et parfois 3D) avec ses formes et ses couleurs, ces dernières n'étant pas une représentation fidèle de la "réalité" (car c'est impossible...) mais une interprétation. Les techniciens informatiques choisissent en accord avec les astronomes des couleurs qui correspondent aux caractéristiques de l'objet en question : température, intensité de fréquence, densité, ... Il s'agit de répondre aux normes colorimétriques utilisées en représentation astronomique, tout en essayant de créer une image qui attire l'oeil et qui pourra servir à la promotion de la découverte scientifique en question.

Afin de rester au maximum fidèle à la réalité de l'objet observé, les images publiées par ces observatoires sont souvent "composites", c'est à dire qu'elles sont associées (ou combinées) avec une photo du même objet en lumière visible effectuée par un télescope optique.

Galaxies des Antennes - image composite millimétrique/submillimétrique ALMA couleurs rouge/orange/jaune et lumière visible Hubble Telescope couleurs blanche/bleu (crédits : ALMA ESO-NRAO-NAOJ / NASA/ESA)
Galaxies des Antennes - image composite millimétrique/submillimétrique ALMA couleurs rouge/orange/jaune et lumière visible Hubble Telescope couleurs blanche/bleu (crédits : ALMA ESO-NRAO-NAOJ / NASA/ESA)

Galaxies des Antennes - image composite millimétrique/submillimétrique ALMA couleurs rouge/orange/jaune et lumière visible Hubble Telescope couleurs blanche/bleu (crédits : ALMA ESO-NRAO-NAOJ / NASA/ESA)

 

Présentation des radio-télescopes passés, présents et futurs du secteur Toco/Chajnantor/Bola :

Télescope ACT (Photo : Eldesiertoflorido)

Télescope ACT (Photo : Eldesiertoflorido)

> Nom : Atacama Cosmology Telescope (ACT)

> Secteur : cerro Toco, 22°57′31″ S, 67°47′15″ W.
> Altitude : 5.190 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2007.

> Ondes observées : Micro-ondes, fréquences 148, 218 et 277 GHz.
> Particularité(s) : Télescope grégorien désaxé, réalisation de cartographie par balayage en azimut d'une bande du ciel (environ 5 degrés de large). Vu de l'extérieur, il a la forme d'une coupole inversée. C'est en fait une protection ouverte sur le dessus et construite tout autour du télescope afin de l'isoler des radiations émises par le sol.

> Partenaires : Université de Princeton, l'université de Pennsylvanie, NASA/GSFC, l'université de la Colombie-Britannique, NIST, l'université pontificale catholique du Chili, l'université du KwaZulu-Natal, l'université de Cardiff, l'université Rutgers, l'université de Pittsburgh, l'université Columbia, Haverford College, INAOE, LLNL, NASA/JPL, l'université de Toronto, l'université du Cap, l'université du Massachusetts et York College, CUNY. Il est financé par la National Science Foundation des États-Unis.

L'intérieur de la coupole de l'ACT (photo : wikipedia)

L'intérieur de la coupole de l'ACT (photo : wikipedia)

Télescope POLARBEAR (Photo : Eldesiertoflorido)

Télescope POLARBEAR (Photo : Eldesiertoflorido)

> Nom : POLARBEAR

> Secteur : cerro Toco, 22°57′29″ S, 67°47′10″ W.
> Altitude : 5.190 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2012.

> Ondes observées : Micro-ondes, fréquences 150, 250 et 350 GHz.
> Particularité(s) : Son nom tout d'abord... Ours polaire !?! Sa large fenêtre d'observation. Conçu pour étudier les "modes B", soit un état de polarisation issu du rayonnement fossile. Ce dernier pourrait provenir des ondes gravitationnelles produites lors des premiers instants de l'expansion de l'univers (10-35 secondes après le théorique temps zéro du Big Bang).

> Partenaires : University of California, Berkeley, Lawrence Berkeley National Lab, University of Colorado at Boulder, University of California, San Diego, Imperial College, Laboratoire Astroparticule et Cosmologie de l'université Paris Diderot, KEK (High Energy Accelerator Research Organization), McGill University, et l'université de Cardiff.

Le saviez-vous ?
Le réflecteur radio parabolique le plus grand au monde a été inauguré en septembre 2016 en Chine dans la région du Guizhou. Il s'appelle le FAST (Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope). Il est composé d'une gigantesque parabole de 500 mètres de diamètre, assemblage de près de 4600 panneaux !
Les deux autres nations les plus importantes du monde possèdent également leurs radio-télescopes géants. La Russie avec le RATAN-600 (inauguré en 1974) et les États-Unis avec le Arecibo Observatory (inauguré à Puerto Rico en 1963).

Observatoire CLASS (Photo : physics-astronomy.jhu.edu)

Observatoire CLASS (Photo : physics-astronomy.jhu.edu)

> Nom : Cosmology Large Angular Scale Surveyor (CLASS)

> Secteur : cerro Toco, 22°58′ S, 67°47′ W.
> Altitude : 5.190 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : en cours d'installation.

> Ondes observées : Micro-ondes, fréquences 40, 90, 150 et 220 GHz.
> Particularité(s) : La forme de ses antennes. Conçu pour étudier le "fond diffus cosmologique" (CMB - Cosmic microwave Background), soit la période entre le Big Bang et la formation des premières étoiles et galaxies.

> Partenaires : Johns Hopkins University, Goddard Space Flight Center, University of British Columbia, Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, National Institute of Standards and Technology, Universidad Catolica de Chile, Universidad de Chile, Universidad de Concepción, University of Michigan, Villanova University.

Une des antennes du télescope CLASS (image : Johns Hopkins University - sites.krieger.jhu.edu)

Une des antennes du télescope CLASS (image : Johns Hopkins University - sites.krieger.jhu.edu)

Projection visuelle du projet CLASS (image : Johns Hopkins University - sites.krieger.jhu.edu)

Projection visuelle du projet CLASS (image : Johns Hopkins University - sites.krieger.jhu.edu)

Télescope ASTE (Photo : NAOJ)

Télescope ASTE (Photo : NAOJ)

> Nom : Atacama Submillimeter Telescope Experiment (ASTE)

> Secteur : pampa La Bola, 22°58′17″ S, 67°42′10″ W.
> Altitude : 4.865 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2004.

> Ondes observées : Micro-ondes, fréquences +/- 350 GHz, longueurs d'ondes de 0,1 à 1 mm.
> Particularité(s) : 1 antenne parabolique de 10 m. de diamètre contrôlable à distance depuis le Japon ! Champ d'observation privilégié : lieux de formation de nouvelles étoiles et planètes, centre de la Voie Lactée, galaxies distantes, ...

> Partenaires : National Astronomical Observatory of Japan (NAOJ) et University of Tokyo, Nagoya University, et Osaka Prefecture University, en coopération avec la Universidad de Chile.

Télescope NANTEN2 (Photo : NAOJ)

Télescope NANTEN2 (Photo : NAOJ)

> Nom : NANTEN2

> Secteur : pampa La Bola, 22°58′11″ S, 67°42′08″ W.
> Altitude : 4.865 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2006.

> Ondes observées : Micro-ondes, fréquences entre 110 et 880 GHz.
> Particularité(s) : Son nom vient du japonais 南天 (nan = sud, ten = ciel/paradis). 1 antenne de 4 mètres de diamètre placé à l'intérieur d'une coupole allongée qui peut être fermée complètement.

> Partenaires : Nagoya and Osaka University, Seoul National University, KOSMA Universität zu Köln, Argelander-Institut Universität Bonn, ETH de Zürich, University of New South Wales (UNSW), et Universidad de Chile.

Secteur Pampa La Bola : à gauche le NANTEN2 et à droite le ASTE (Photo : DRJacobson)

Secteur Pampa La Bola : à gauche le NANTEN2 et à droite le ASTE (Photo : DRJacobson)

Le saviez-vous ?
A l'époque des téléviseurs analogiques, lorsque ces derniers ne recevaient pas de signal issu d'une émission herztienne ils affichaient ce que l'on appelait de la "neige", écran blanc ponctué d'apparition de points noirs. Et bien figurez-vous que cette image était en réalité une représentation des origines de l'univers ! Une image produite à partir de la réception par votre antenne de télé de photons issus du fond diffus cosmologique.

Télescope APEX (Photo : ESO)

Télescope APEX (Photo : ESO)

> Nom : Atacama Pathfinder EXperiment (APEX)

> Secteur : plateau de Chajnantor, 23°00′21″ S, 67°45′33″ W.
> Altitude : 5.000 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2005.

> Ondes observées : Micro-ondes, longueurs d'ondes de 0,2 à 2 mm.
> Particularité(s) : 1 unique antenne parabolique de 12 mètres de diamètre. Avant tout un prototype d'antenne conçu en prévision de l'installation de l'observatoire ALMA. Cependant, alors qu'ALMA entre en fonction officiellement en 2013, l'APEX poursuit ses observations avec mais aussi indépendamment d'ALMA. Grâce au Very Long Baseline Interferometry (VLBI), il est désormais possible de connecter le réseau d'antennes d'ALMA avec l'antenne d'APEX, située à 2 kilomètres de distance, créant ainsi un télescope virtuel au diamètre encore plus large.
L'APEX sert également aux astronomes pour des "repérages d'étude" avant d'observer avec ALMA et sa résolution hautement plus importante. Bref, le "petit" et le "grand" se complètent parfaitement sur le plateau de Chajnantor. L'European Southern Observatory, investi dans les deux projets, faisant le lien...

> Partenaires : Max-Planck-Institut für Radioastronomie de Bonn, l'Onsala Space Observatory (OSO) et l'European Southern Observatory (ESO).

Illustration du VLBI ALMA-APEX (Image : ESO)

Illustration du VLBI ALMA-APEX (Image : ESO)

Observatoire ALMA (Photo : Eldesiertoflorido)

Observatoire ALMA (Photo : Eldesiertoflorido)

> Nom : Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA)

> Secteur : plateau de Chajnantor, 23°01′09″ S, 67°45′11″ W.
> Altitude : 5.000 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2011, inauguration officielle en mars 2013.

> Ondes observées : Micro-ondes et une partie du rayonnement infrarouge, fréquences entre 31 et 950 GHz, longueurs d'ondes de 0,35 à 10 mm.
> Particularité(s) : 66 antennes paraboliques travaillant ensemble afin de produire une image commune de très haute définition, équivalent à un télescope virtuel de 16 kms de diamètre. Technique utilisée : interférométrie.
54 antennes de 12 mètres de diamètres et 12 antennes de 7 mètres de diamètre. L'observatoire est divisé en deux secteurs : l'Operation Support Facility (OSF) situé à 2.900 mètres d'altitude où les astronomes reçoivent par fibre optique le signal capté par les antennes ; Et l'Array Operation System (AOS) là où se trouvent physiquement les antennes à 5.000 mètres d'altitude.
Pour combiner chacun des signaux captés par les différentes antennes on utilise un ordinateur appelé le corrélateur.
Champ d'observation privilégié : zones froides et obscures de l'univers, nuages denses de gaz et de poussière, lieux de formation de nouvelles étoiles et planètes, centre de la Voie Lactée, galaxies distantes, ...

> Partenaires : European Southern Observatory (ESO), National Astronomical Observatory of Japan (NAOJ), National Radio Astronomy Observatory (NRAO) aux Etats-Unis, et la République du Chili, soit 21 pays associés.

Le saviez-vous ?
Afin de combiner les informations reçues par chacune de ses antennes, l'observatoire ALMA utilise l'ordinateur civil le plus rapide au monde ! 134 millions de processeurs et près de 17 millions de milliards d'opérations à la seconde... Il équivaut à environ 3 millions d'ordinateurs portables grand public travaillant ensemble !
Ce super-ordinateur, appelé le corrélateur, est également l'ordinateur le plus haut du monde :5.000 mètres d'altitude. Il est connecté aux antennes et à la salle de contrôle (camp OSF) à l'aide de dizaine de kilomètres de fibre optique transportant l'information à une vitesse de 120 Gbits.

Le corrélateur d'ALMA (Photo : Eldesietoflorido)

Le corrélateur d'ALMA (Photo : Eldesietoflorido)

Le saviez-vous ?
Pour que ses récepteurs puissent capter les radiations venues des confins de l'univers, l'intérieur des antennes de l'observatoire ALMA doit être refroidi à très basse température, soit 4 degrés au dessus du zéro absolu (-269 degrés celsius). Pour obtenir cette température, on utilise une technologie appelé cryostat, à l'aide d'hélium extrêmement pur.

Télescope CBI (Photo: Wikipedia)

Télescope CBI (Photo: Wikipedia)

> Nom : Cosmic Background Imager (CBI).

> Secteur : plateau de Chajnantor,  23°01'42" S,  67°45'42" W.
> Altitude : 5.000 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 1999 (fin des observations en 2006).

> Ondes observées : Millimétriques - Fréquences d'ondes entre 26 and 36 GHz, réparties en 10 récepteurs de 1 GHz chacun.
> Particularité(s) : Sa forme peu commune, sorte de structure en alvéoles. C'est le premier observatoire a être installé dans le secteur de Chajnantor. Conçu pour étudier le "fond diffus cosmologique" (CMB - Cosmic microwave Background), soit la période entre le Big Bang et la formation des premières étoiles et galaxies.

> Partenaires : California Institute of Technology (Caltech), Canadian Institute for Theoretical Astrophysics, University of Chicago, National Radio Astronomy Observatory (NRAO), Max-Planck-Institut für Radioastronomie (à Bonn), Oxford University, University of Manchester, Universidad de Chile, et Universidad de Concepción (Chili).
Le projet a été financé par la National Science Foundation, California Institute of Technology, Maxine et Ronald Linde, Cecil et Sally Drinkward, Barbara et Stanley Rawn Jr., Rochus Vogt, Kavli Institute, et le Canadian Institute for Advanced Research.

Image du "fond diffus cosmologique" par le CBI (Crédit : CBI / Caltech / NSF)

Image du "fond diffus cosmologique" par le CBI (Crédit : CBI / Caltech / NSF)

Télescope CBI2 (Photo : Astro-Norte)

Télescope CBI2 (Photo : Astro-Norte)

> Nom : Cosmic Background Imager 2 (CBI).

> Secteur : plateau de Chajnantor,  23°01'42" S,  67°45'42" W.
> Altitude : 5.000 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2006 (fin des observations en 2008)..

> Ondes observées : Millimétriques.
> Particularité(s) : Sa forme peu commune, sorte de structure en alvéoles. Ce télescope est installé sur le même support que le CBI (premier du nom...). Conçu pour étudier le "fond diffus cosmologique" (CMB - Cosmic microwave Background), soit la période entre le Big Bang et la formation des premières étoiles et galaxies.

> Partenaires : California Institute of Technology (Caltech), Canadian Institute for Theoretical Astrophysics, University of Chicago, National Radio Astronomy Observatory (NRAO), Max-Planck-Institut für Radioastronomie (à Bonn), Oxford University, University of Manchester, Universidad de Chile, et Universidad de Concepción (Chili).
Le projet a été financé par la National Science Foundation, California Institute of Technology, Maxine et Ronald Linde, Cecil et Sally Drinkward, Barbara et Stanley Rawn Jr., Rochus Vogt, Kavli Institute, et le Canadian Institute for Advanced Research.

Télescope QUIET

Télescope QUIET

> Nom : Q/U Imaging ExperimenT (QUIET).

> Secteur : plateau de Chajnantor,  23°01'42" S,  67°45'42" W.
> Altitude : 5.000 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2008 (fin des observations en 2010).

> Ondes observées : Millimétriques.
> Particularité(s) : Ce télescope est installé au même endroit que les successifs CBI et CBI2. Conçu pour étudier le "fond diffus cosmologique" (CMB - Cosmic microwave Background), soit la période entre le Big Bang et la formation des premières étoiles et galaxies.

> Partenaires : USA (California Institute of Technology, University of Chicago, Columbia University, Jet Propulsion Laboratory, University of Miami, Princeton University et Stanford University) / Europe (University of Manchester, Max-Planck-Institut für Radioastronomie à Bonn, University of Oslo et University of Oxford) / Japon (KEK) / Autres partenaires : University of California, Berkeley, Goddard Space Flight Center et Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics.

Observatoire QUIET

Observatoire QUIET

Le saviez-vous ?
L'inventeur de la radio-astronomie n'est pas un astronome !
En effet, la première antenne ayant capté des rayonnements électromagnétiques issues de l'univers a été conçue par un physicien et ingénieur des télécommunications, l'américain Karl Jansky. Employé des laboratoires Bell, il fût chargé de détecter les possibles parasites pouvant interférer avec le service radiotéléphonique transatlantique. Hormis les interférences issues des orages voisins, Jansky découvre à un autre signal dont il comprendra bientôt l'origine : la Voie Lactée !
En hommage au physicien, le radio-télescope Very Large Array installé au Nouveau Mexique (USA) est rebaptisé en 2012 le "Karl G. Jansky Very Large Array".

Observatoire TAO (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

Observatoire TAO (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

> Nom : Tokyo Astronomy Observatory (TAO)

> Secteur : sommet du volcan Chajnantor, 22°59′12″ S, 67°44′32″ W.
> Altitude : 5.640 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : 2009 pour la première phase du projet, le miniTAO.

> Ondes observées : Rayonnement infrarouge (longueurs d'ondes entre 1mm et 0,7μm).
> Particularité(s) : Actuellement l'observatoire astronomique terrestre le plus haut du monde ! Actuellement 1 miroir primaire de 1 mètre de diamètre. Projet futur : installation d'un télescope muni d'un miroir primaire de 6,5 mètres de diamètre.

> Partenaire : Université de Tokyo (Japon).

Installation du télescope "miniTAO" (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

Installation du télescope "miniTAO" (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

Le télescope "miniTAO" (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

Le télescope "miniTAO" (Photo : University of Tokyo Atacama Observatory Project)

Projection visuelle du futur télescope CCAT (image : www.ccatobservatory.org)

Projection visuelle du futur télescope CCAT (image : www.ccatobservatory.org)

> Nom : Cerro Chajnantor Atacama Telescope OU Cornell Caltech Atacama Telescope (CCAT)

> Secteur : sommet du volcan Chajnantor, 23°01′09″ S, 67°45′11″ O
> Altitude : 5.612 mètres au dessus du niveau de la mer.
> Année de début d'observation : Projet en cours... Non installé pour l'instant. Premières observations prévues pour 2021.

> Ondes observées : Millimétriques et submillimétriques.
> Particularité(s) : Impressionnante protection sphérique de l'antenne parabolique. Première phase du projet (CCAT-prime) : 1 antenne de 6 mètres de diamètre. Deuxième phase du projet (CCAT) : 1 antenne de 25 mètres de diamètre !

> Partenaires : Cornell University, Associated Universities Inc., California Institute of Technology (Caltech), University of Colorado de Boulder, Université de Cologne, Université de Bonn, University of British Columbia, et d'autres universités aux USA et au Canada.

Le saviez-vous ?
Le premier radio-télescope du monde a été construit par un certain Grote Reber en 1937 à Wheaton, dans la banlieue de Chicago (USA). Au chômage et n'ayant pas été embauché dans l'entreprise de Karl Jansky (découvreur de la radio-astronomie), Reber décide de fabriquer son propre radio-télescope dans son jardin !
Mais le premier radio-télescope professionnel est français et est construit en 1947 à Nancay (Cher) à partir du recyclage d'antennes de télécommunication allemandes de la seconde guerre !

 

Chronologie des télescopes du secteur de Chajnantor (en date des premières observations) :

> 1999 : Cosmic Background Imager (CBI) [Hors service]
> 2004 : Atacama Submillimeter Telescope Experiment (ASTE)
> 2005 : Atacama Pathfinder EXperiment (APEX)
> 2006 : NANTEN2
> 2006 : Cosmic Background Imager 2 (CBI2) [Hors service]
> 2007 : Atacama Cosmology Telescope (ACT)
> 2008 : Q/U Imaging ExperimenT (QUIET) [Hors service]
> 2009 : MiniTAO (mini Tokyo Atacama Observatory)
> 2011 : Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA)
> 2012 : POLARBEAR

> En cours : Cosmology Large Angular Scale Surveyor (CLASS)

> 2021 : Cerro Chajnantor Atacama Telescope (CCAT)
> 20?? : Tokyo Atacama Observatory (TAO)

 

 

Depuis le village de San Pedro d'Atacama, en direction de l'est et de la cordillère des Andes, il est possible avec de bonnes jumelles de distinguer certains des télescopes présentés dans cet article, comme par exemple l'ACT sur le cerro Toco ou le TAO au sommet du Chajnantor. Et lorsqu'il répartit ses antennes de la manière la plus étendue, il est même possible d'apercevoir une des antennes de l'observatoire ALMA, en contre-bas du volcan Chajnantor à droite.

Parmi tous ces télescopes, fierté de l'Atacama, un seul organise des visites publics, il s'agit d'ALMA : informations et réservations par ici : www.almaobservatory.org/en/visits/public-visits. Cependant, pour ceux qui souhaiteraient quand même voir certains de ces télescopes (du moins de l'extérieur), nous vous recommandons l'ascension du cerro Toco. En effet, au point de départ de l'ascension vous vous trouverez à côté des télescopes ACT, POLARBEAR et CLASS, vous apercevrez au loin le dôme du MiniTAO, et vous profiterez d'une vue générale des antennes d'ALMA !

Localisation des certains télescopes vu depuis l'oasis de San Pedro d'Atacama (Photo et montage : Eldesiertoflorido)

Localisation des certains télescopes vu depuis l'oasis de San Pedro d'Atacama (Photo et montage : Eldesiertoflorido)

 

Note : L'observatoire optique VLT (Paranal), situé près de la ville d'Antofagasta et évoqué en début d'article, organise également des visites publiques gratuites. Informations et réservations par ici : www.eso.org/public/france/about-eso/visitors/paranal

 

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