Convention RAMSAR : kézaco !?!
La Convention sur les zones humides, appelée Convention de Ramsar, est un traité intergouvernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources Ce traité, adopté en 1971 dans la ville iranienne de Ramsar, est le plus ancien traité intergouvernemental sur l'environnement de l'ère moderne. Il compte à l'origine 18 pays qui s'accordent sur un engagement en faveur de la préservation de zones humides d'importance mondiale, notamment en tant que lieux d'habitat d'oiseaux d'eau. C'est l'Australie qui la première en janvier 1974 adhèrera officiellement en inscrivant, comme l'accord l'exige, son premier site.
La mission officielle de la convention est « La conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier. »* Dans ce cadre, les parties contractantes s'engagent à utiliser de manière "rationnelle" leurs zones humides, d'inscrire de nouvelles zones au fur et à mesure des années et à garantir leur bonne gestion, ainsi qu'à coopérer sur le plan international à la préservation des zones humides transfrontalières, partagées entre plusieurs pays ainsi que les espèces qui y habitent. Selon la notion acceptée par la convention, une zone humide peut être : tous les lacs et cours d’eau, les aquifères souterrains, les marécages et marais, les prairies humides, les tourbières, les oasis, les estuaires, les deltas et étendues intertidales, les mangroves et autres zones côtières, les récifs coralliens et tous les sites artificiels tels que les étangs de pisciculture, les rizières, les retenues et les marais salés. *
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la convention Ramsar n'est pas un organisme qui a pouvoir d'intervention sur n'importe quelles zones humides, mais seulement sur celles inscrites par les Etats. Autrement dit, Ramsar accompagne les "bonnes volontés" des pays qui décident seuls d'inscrire ou non tel ou tel site à la liste Ramsar. Cette liste compte aujourd'hui 2.239 sites inscrits, pour un total de 215.251.997 hectares, émanant de
Lorsqu'un pays inscrit une zone humide sur la liste Ramsar (ndlr : au moins 1 site doit être inscrit par le pays lors de son adhésion à la convention), il s'engage à respecter un certain nombre de règles quant à l'exploitation de ce site. "L'utilisation rationnelle des zones humides" mentionnée dans le texte est expliquée comme le maintien de leurs caractéristiques écologiques obtenu par la mise en œuvre d’approches par écosystème dans le contexte du développement durable.
Les sites RAMSAR au Chili
date du 27 novembre 1981 et, comme tous les autres pays signataires, inscrit donc son premier site cette même année (le Sanctuaire Carlos Anwandter dans le sud du pays). Cette signature du Chili intervient 6 ans après l'entrée en vigueur du traité au niveau international. Il est également intéressant de constater que le Chili rejoint le réseau international de préservation des zones humides en pleine période de dictature militaire du général Pinochet. Et l'on peut difficilement ne pas y voir une volonté de la part du gouvernement militaire de faire "bonne figure" sur le plan international en ralliant une organisation écologique mondiale. Il faudra cependant attendre 15 ans avant que le pays n'inscrive de nouveaux sites, 6 de plus en 1996. Ces nouvelles inscriptions interviennent donc après la chute du gouvernement de Pinochet et le retour de la démocratie dans le pays...
Aujourd'hui, le Chili compte 13 sites inscrits sur la liste RAMSAR pour un total de 361.761 hectares : 2 sites pour sa partie sud, 2 sites pour la zone centrale et 9 sites dans le nord.
Si l'on compare avec la France, cette dernière fait entrer en vigueur la convention RAMSAR en 1986 (5 ans après le Chili). Elle compte désormais 44 sites RAMSAR pour une superficie totale de 3.567.384 hectares, soit plus de 3 fois plus de sites protégés que le Chili, pour une superficie total 10 fois plus importante (sachant que le territoire français est plus petit de près de 10.000.000 d'hectares).
SUD :
> Sanctuaire Carlos Anwandter
> Bahía Lomas
CENTRE :
> Parc andin Juncal
NORD :
> Salar de Surire - Réserve Nationale Las Vicuñas (région XV, Arica - Parinacota), année d'inscription : 1996, superficie : 15.858 ha.
> Salar del Huasco - Ex Parc National
Salar de Huasco / Sanctuaire Naturel (régio> Système hydrologique de Soncor - Salar d'Atacama - Réserve Nationale : Canal Burros Muertos, lagunas Los FlamencosChaxa, Puilar et Barros Negros (Région II, Antofagasta)
> Salar de Tara
> Salar de Aguas Calientes IV - Parc National
Llullaillaco> Complexe Laguna del Nagro Francisco et laguna Santa Rosa - Parc national
Nevado Tres Cruces (Région III, Atacama)
Secteur Soncor - Parc CONAF Chaxa. Site RAMSAR des environs de San Pedro d'Atacama (Photo : Eldesiertoflorido)
Sites RAMSAR : quelle protection réelle ?
Lorsque l'on consulte la liste des sites Ramsar du Chili, il y a tout de suite un sentiment d'incompréhension qui domine. Car si l'on prend par exemple le cas du site Ramsar Salar de Surire il y a quelque chose de troublant. Comment un site aussi sensible qu'un salar comme celui-ci, qui par nature est un lieu bénéficiant d'un apport fragile en eau, souvent saisonnier et limité, reconnu comme étant une zone de nidification de flamants dont les 3 espèces présentes sont classées par l'IUCN comme "vulnérable" ou "quasi-menacée", constituant un écosystème vital pour plusieurs espèces d'animaux (flamants, mais aussi pluviers, canards, oies, vigognes, nandous, perdrix andines, ...), comment un lieu aussi important écologiquement que celui-ci peut-il abriter en son sein une mine d'exploitation de bore !?! Vous ne comprenez pas, et bien nous non plus !
En plus d'être site Ramsar, le salar de Surire fait également partie de la Réserve Nationale CONAF Las Vicuñas et a été déclaré Monument Naturel en 1983 ! Selon le discours officiel, l'exploitation en question effectuée par l'entreprise chilienne Quiborax depuis 1986 n'impacterait pas l'écosystème local et la nidification des flamants. Ceci étant dit, cela n'a pas empéché la CONAF (Corporación Nacional Forestal) de présenter une dénonciation et de faire arrêter l'exploitation en question en 2008 pour extension illégale du site, rapprochant l'activité minière à quelques 3 kilomètres de la zone de nidification des flamants et à seulement 700 mètres de leur lieu d'alimentation, et de nombreux experts signalent une diminution significative de la population de flamants sur le site.
Enfin, si l'on en croit la récente mission parlementaire chilienne venue visiter le salar d'Atacama il y a quelques mois, l'exploitation du lithium par l'entreprise chilienne SQM et la nord-américaine Rockwood Lithium dans le sud de ce salar aurait bel et bien un impact sur l'écosystème local. Sachant que ces exploitations se trouvent à moins de 20 kilomètres du secteur Soncor, site Ramsar appartenant à la Réserve Nationale CONAF Los Flamencos et bénéficiant d'une protection de la part de la DGA (Dirección General de las Aguas) en tant que zone aquifère d'importance. Et tout cela n'a pas empêché le gouvernement chilien d'octroyer récemment à Rockwood Lithium une autorisation d'expansion de son site d'exploitation, ainsi que de vendre une nouvelle concession à une entreprise canadienne dans ce même salar !
Que les réglementations prises nationalement par les Etats ne s'appliquent plus vraiment lorsqu'il s'agit d'implanter des mines aux revenus conséquents pour l'économie nationale peut (à la rigueur) se comprendre, et le Chili comme bien d'autres pays provilégie l'économique à l'écologique. Bien peu de pays peuvent prétendre faire le contraire...! Il ne s'agit pas là de justifier bien sûr, mais de ne pas se voiler la face quant à la réalité du monde. On pouvait cependant espérer que l'inscription d'un site d'importance écologique à l'échelle internationale aurait elle un poids beaucoup plus fort. Or force est de constater que, en l'absence de réel pouvoir
, ce type de programme et d'accord international n'ont pour objectif que de mettre en avant les "vrai-fausses bonnes intentions" des pays, qui s'avèrent souvent n'être que de simples vitrines trop propres, cachant sur le terrain une réalité bien différente.Site d'exploitation de Bore par l'entreprise chilienne Quiborax, Salar de Surire (Photo : www.quiborax.com).
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