Condor juvénile (Photo : Eldesiertoflorido)

Condor juvénile (Photo : Eldesiertoflorido)

Pour beaucoup de gens : condor égale Andes, bonnet péruvien, lama, flûte de pan, et tout le toutim ... On peut dire que cet oiseau fait partie intégrante du folklore et même des stéréotypes sud-américains. "El condór pasa", chanson péruvienne du début du XXème siècle, internationalement connue et popularisée notamment par le duo nord-américain Simon et Garfunkel, y est certainement pour beaucoup. Ou encore le cultissime dessin animé des années 80 "Les mystérieuses cités d'or" et son oiseau d'or.
On a cependant tendance à oublier que le condor n'est pas seulement un oiseau originaire d'Amérique du sud, mais également présent dans sa partie nord. Il existe en effet deux types de condor américain : le condor de Californie (Gymnogyps californianus) et celui qui va nous intéresser plus spécialement ici le condor des Andes (Vultur gryphus). Il faut reconnaître que le condor des Andes est tellement omniprésent dans les mythes, les croyances, l'histoire pré-hispanique et contemporaine, dans les emblèmes nationaux des pays d'Amérique du sud, qu'il en invincerait presque son cousin du nord.

Au Chili, il est Monument naturel national du pays depuis le décret du 30 juin 2006.

 

1ère ligne : Bolivie, vénézuela, Colombie // 2ème ligne : Équateur et Pérou.

 

Le condor, un symbole national en Bolivie, en Colombie, en Équateur, au Vénézuela, au Pérou et au Chili, rien que ça !

Les armoiries du Chili : le huemul à gauche et le condor à droite.

Les armoiries du Chili : le huemul à gauche et le condor à droite.

Les mystérieuses cité d'or.

Les mystérieuses cité d'or.

Fiche d'identité :

- Dénominations : El condór andino (espagnol), le condor des andes (français), the andean condor (anglais). Egalement : k'ontor/ckontor (kunza), cùntur/kuntur (quechua), mallku/kunturi (aymara).

- Nom scientifique : Vultur gryphus

- Classe : Aves (oiseaux)

- Famille : Cathartidae [condor, vautours américains, urubú (Jote)]

- Ordre : Accipitriformes, Falconiformes, Cathartiformes ou Ciconiiformes (en discussion...).

- Genre : Vultur (Lesson, 1842), le condor des Andes est l'unique représentant de ce genre.

 

- Particularité(s) : Rapace charognard (Se nourrissant essentiellement de carcasses d'animaux morts).

- Distribution : Exclusivement en Amérique du sud (dans la cordillère des andes et les cordillères proches, jusqu'aux côtes des océans Atlantique et Pacifique). Au Chili, il est aisé de l'observer en Patagonie (parc Torres del Paine) et dans l'extrême nord (environs de Putre, jusqu'au sud du Pérou dans le canyon de Colca - Arequipa).

- Taille : Avec jusqu'à 3,30/3,50 mètres d'envergure d'ailes, c'est le plus grand oiseau terrestre, et le deuxième oiseau le plus grand au monde après l'albatros hurleur (oiseau marin, jusqu'à 3,70 d'envergure).

- Poids : De 6 à 15 kg. Contrairement aux autres rapaces, le femelle est plus petite que le mâle.

- Apparence : Les adultes ont un plumage noir dans l'ensemble, blanc-gris sur une partie des ailes, ainsi qu'une collerette blanche à la base du cou. Bec gris foncé à la base et blanchâtre-ivoire au bout. Il a la tête complètement nue. Contrairement à la femelle, le mâle possède une sorte de crète (caroncule) sur la tête. Les juvéniles sont bruns-marrons et n'obtiendront leur collerette qu'à l'âge adulte (5/7 ans).

- Maturité sexuelle : Entre 5 et 7 ans.

- Espérance de vie : jusqu'à 60 ans en captivité.

- Saison de reproduction : Printemps austral.

- Durée d'incubation : 54 à 58 jours.

- Nombre de jeunes par couvée : 1 à 2.

 

- Préservation : "Near Threatened - NT", quasi menacé - selon la IUCN (International Union for Conservation of Nature).

 

Catégorie "NT" de l'IUCN :

Une espèce est dite quasi menacée lorsqu’elle ne remplit pas, pour l’instant, les critères des catégories En danger critique d’extinction, En danger ou Vulnérable mais qu’elle en est pas loin et qu’elle les remplira probablement dans un proche avenir.

Répartition géographique du condor des Andes.

Répartition géographique du condor des Andes.

Caroncule caractéristique du mâle, et collerette blanche (Photo : wikipedia.org).

Caroncule caractéristique du mâle, et collerette blanche (Photo : wikipedia.org).

 

Mieux connaître le condor

 

Origines
Les "vautours du nouveau monde", dont le condor, ferait partie d'un groupe d'oiseaux parmi les plus anciens qu'ait connue notre planète : les cathardités. S'il est aujourd'hui exclusif au continent américain, des fossiles de cathardités datant de l'oligocène et de l'éocène ont été retrouvés sur le continent européen. Séparés après l'éclatement de la pangée (il y a environ 200 millions d'années), deux branches de la famille des cathardités auraient évolué chacunes de leur côté. Malheureusement, la branche eurasienne aurait disparue il y a 20 à 30 millions d'année.
Parmi les anciennes espèces de cathardités, le Teratornis ou "oiseau-monstre" aurait vécu en Argentine il y a de cela 10 millions d'années. Avec près de 7 mètres d'envergure, il serait l'oiseau le plus grand ayant jamais volé.

S'il apparaît assez proche des actuels vautours européens (famille des Accipitridae), le condor américain n'aurait pas d'origine commune directe avec ces derniers. L'évolution de ces différents rapaces, ayant eu lieu en parallèle dans des endroits différents du globe, serait seulement assez similaire, en tout cas suffisament pour avoir aujourd'hui des espèces biologiquement proches, mais n'appartenant pas à la même famille. Contrairement aux autres représentants vivants des cathardités, et d'autres espèces d'oiseaux, le condor est muet. Dépourvu de syrinx, l'organe phonateur des oiseaux, le condor est resté de ce point de vue un oiseau très primitif, au regard de l'évolution des autres oiseaux qui ont bénéficié eux de cet organe bien pratique leur permettant d'émettre des sons "vocaux".
 

"Les éboueurs des montagnes"

Bien qu'il ne soit pas très bavard, le condor apprécie cependant la compagnie de ses congénères. Il vit généralement en groupe de 15 à 24 membres, et l'on observe parfois jusqu'à 60 condors au même endroit lorsqu'il s'agit de déguster une bonne carcasse. C'est d'ailleurs collectivement que les condors partent en "repérage" d'un futur festin, chacun prospectant une partie de territoire et entamant une descente en piqué lorsqu'un cadavre d'animal est repéré. Ce brutal changement d'attitude de vol est un signal pour les autres membres du groupe que le repas est servi !

En se nourissant quasi-exclusivement d'animaux morts ou malades, le condor participe à l'équilibre naturel des espèces et de leur milieu naturel. Il évite ainsi l'apparition de foyer d'infection et la propagation d'épidémies parmi la faune qui partage son territoire. Cette capacité à consommer de la viande avariée ou malsaine témoigne d'une flore intestinale abondante et d'un formidable système digestif.

Bien qu'il soit un charognard, le condor peut parfois devenir prédateur le temps d'un repas. En effet, sa très bonne vue et son bec crochu et tranchant sont des armes redoutables qui lui permettent parfois de s'attaquer à des animaux nouveau-nés ou très jeunes encore vivants.

Deux condors au repos sur les hauteurs d'un canyon à Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Deux condors au repos sur les hauteurs d'un canyon à Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Canyon de Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Canyon de Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Groupe de condors en vol, Salar de Surire au Chili (Photo : Eldesiertoflorido)

Groupe de condors en vol, Salar de Surire au Chili (Photo : Eldesiertoflorido)

Un vol majestueux

Parmi toutes les particularités de cet oiseau extraordinaire (que l'on ne pourra pas toutes évoquer ici...), ce qui a fait indéniablement le succès du condor est son vol majestueux. On dit d'ailleurs que le condor pratique le "vol à voile".

Si le condor est capable d'une telle maîtrise de son vol plané, c'est grâce à un avantage naturel : ses ailes. Longues et larges, elles comportent un grand nombre de "rémiges", autrement dit de grandes plumes additionnelles. Lorsqu'un rapace de taille modeste possèdent environ 10 de ces rémiges, le condor lui en possède 35.

Sans avoir à battre des ailes constamment, le condor est capable de voler (ou planer) sur de longues distances en utilisant notamment les courants chauds ascendants. Lorsque l'on observe un condor en vol, ce que l'on remarque souvent est la présence de longues plumes ouvertes en éventail au bout de ses deux ailes : c'est ce que l'on appelle les rémiges primaires ou rémiges digitées (car celles-ci font penser à des doigts...). Ces rémiges écartées que l'on retrouve chez tous les oiseaux "planeurs" sont particulièrement développées chez le condor. Elles constituent des lames ultra résistantes pour supporter la pression des courants d'air, mais sont également orientables enfin de trouver l'aérodynamique optimale en fonction du courant emprunté et de la direction souhaitée par l'oiseau.

Les imposantes ailes aérodynamiques du condor sont également dotées de rémiges secondaires. Situées à l'arrière de ses ailes, ces autres rémiges jouent également un rôle essentiel dans l'équilibre de vol du condor. (NDLR : Si vous prenez le temps de regarder les ailes d'un avion de ligne, vous remarquerez certainement des volets rétractables à l'arrière et parfois des bouts d'ailes incurvés, sorte d'imitations humaines des rémiges de nos oiseaux planeurs...).

Malheureusement, tout n'est pas rose pour le condor. Et comme souvent, tous avantages s'accompagnent d'inconvénients. Car lorsqu'il s'agit de devoir décoller depuis le plancher des vaches, le condor nécessite une longueur suffisante d'élan avant de prendre son envol. Sachant cela, le condor privilégie le repos et même la nidification sur les hauteurs des canyons, rendant ses départs en ballade beaucoup plus aisés car il lui suffit de se jeter dans le vide !

Condor adulte au "décollage" ou plutôt se lançant dans le vide, dans le canyon de Colca au Pérou (Photo: Eldesiertoflorido).

Condor adulte au "décollage" ou plutôt se lançant dans le vide, dans le canyon de Colca au Pérou (Photo: Eldesiertoflorido).

Un condor des Andes et ses rémiges digitées au bout des ailes - Salar de Surire au Chili (Photo : Eldesiertoflorido).

Un condor des Andes et ses rémiges digitées au bout des ailes - Salar de Surire au Chili (Photo : Eldesiertoflorido).

En menace perpétuelle

Du fait de l'augmentation de la présence humaine dans ses zones d'occupation, le condor est un animal, comme beaucoup d'autres, en menace perpétuelle. Même s'il n'est (pas encore) considéré comme "menacé" selon la classification de l'IUCN, cela ne saurait tarder à priori... le contexte d'épanouissement du condor n'étant garanti que par un jeu d'équilibre particulièrement fragile.

Comme nous le savons, avant l'homme était la prolifération des animaux sauvages. Plus d'animaux il y a, et plus d'animaux morts il y aura... C'est d'une logique implacable ! Heureusement pour le condor, pendant un temps la perte de population d'animaux sauvages aura été compensée par la multiplication des troupeaux d'animaux domestiques élevés en plein air par les hommes. Tout allait encore presque bien pour le condor, même si celui-ci devenait de plus en plus dépendant de l'activité de l'homme et de son bétail : les vaches, moutons, chèvres et autres lamas mourant accidentellement ou de maladie faisaient la joie des condors des environs.

Or que se passe-t-il aujourd'hui ? Les campagnes et canyons andins se dépeuplent et les hommes s'entassent dans les villes. Le bétail quant à lui est enfermé dans des entrepot-laboratoires. Bourrés d'hormones et/ou d'antibiotiques, le bétail ne meurt plus, il agonise tout au plus... Et si pour une raison ou une autre il meurt, la peur de l'épidémie fait que l'animal est immédiatement incinéré. Plus de carcasse pour le condor et les autres animaux charognards. Enfin, si le condor a la chance de bénéficier de la dépouille de ces "morts industriels", c'est pour être contaminé par les produits chimiques consommés par la bête durant sa vie captive.

 

On sait que les populations originelles du continent américain vouaient un culte au condor. Celui-ci n'était donc pas vraiment menacé par les hommes à cette époque. Avec l'arrivée des conquistadors espagnols, la donne va changer. Symbole de pouvoir pour les indiens d'Amérique, les condors sont alors capturés et/ou tués par milliers, appâtés par une carcasse d'animal, puis traqués lors de chasse à cheval dans les montagnes. Tuer un condor donnait alors un pouvoir guerrier symbolique à son bourreau, qu'il soit indien ou européen. De plus, la grandeur naturelle de l'oiseau en faisait un objectif facile pour tous les frustrés de la gachette qui s'en servaient comme d'une cible vivante de "ball-trap pour les nuls". Un grand nombre d'oiseaux sont à cette époque abattus "gratuitement".

Si l'on a vu que la multiplication des troupeaux d'animaux domestiques aura permis au condor d'avoir une source d'alimentation non négligeable, il nous faut cependant nuancer ces propos. Encore une fois, les européens qui arrivent sur les territoires américains à partir de 1492 comptent bien y installer de nouveaux cheptels. Or dans ces contrées encore très sauvages, les prédateurs carnivores font encore naturellement leur loi. Loup, coyote, puma et cougar s'attaquent évidemment aux troupeaux. L'utilisation d'appâts empoisonnés par les éleveurs pour piéger les prédateurs vont également décimer les populations de condor, qui finalement ne survivront guère que dans les zones isolées, notamment de la Cordillère des Andes, où l'homme blanc n'est pas encore présent et où la faune sauvage est encore importante. Mais pour combien de temps ?

 

Le condor de californie, une survie en captivité :

Alors que l'on estime que le nombre de condors nord-américains devait être plus ou moins de 1.000 individus au XVIème siècle, ils ne seront plus que 100 selon les recensements des chercheurs en 1940. 13 ans plus tard, ils ne sont plus que 60, et en 1986 on ne compte plus que 3 condors en liberté...!

La décision prise en 1983 d'intervenir et de prélever des oeufs pondus dans la nature pour les mettre en couveuse aura permis des naissances en captivité dans le but de réintégrer par la suite l'oiseau dans son milieu naturel. Dans la continuité de ce programme, ce seront les derniers spécimens en liberté qui seront finalement capturés. En 1987, il n'y a plus aucun condor de californie qui ne soit pas passé à un moment donné de sa vie par la case captivité.

Au bout du compte, plus de 200 oiseaux seront réintroduits en Californie entre 2003 et 2006. Ce programme en forme d'ultime sauvetage de l'espèce tend aujourd'hui à s'étendre au Mexique, où le condor a complètement disparu. Tout ceci est certainement une bonne chose, mais les biologistes ne sont pas très optimistes quant au succès à longue terme du programme, argumentant qu'une espèce arrivée à ce point au bord de l'extinction souffre et souffrira irrémédiablement d'un appauvrissement génétique qui peut malheureusement être irréversible, signant la fin de l'espèce dans son milieu naturel.

Condor de Californie (Photo: wikipedia.org)

Condor de Californie (Photo: wikipedia.org)

Gauchos (bergers à cheval sud-américains) chassant des condors au lasso en 1895 [Crédit R. Lydekker — Lydekker, R. 1895 The Royal Natural History].

Gauchos (bergers à cheval sud-américains) chassant des condors au lasso en 1895 [Crédit R. Lydekker — Lydekker, R. 1895 The Royal Natural History].

Condor andin adulte en plein vol, à Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Condor andin adulte en plein vol, à Colca au Pérou (Photo : Eldesiertoflorido)

Parce qu'ils y sont nourris dans le cadre d'un parc naturel protégé, à Colca vous avez de grandes chances de pouvoir observer de près des condors des Andes ( theperuvianbackpacker.blogspot.com)

Parce qu'ils y sont nourris dans le cadre d'un parc naturel protégé, à Colca vous avez de grandes chances de pouvoir observer de près des condors des Andes ( theperuvianbackpacker.blogspot.com)

Le condor : plus qu'un animal, un monument vivant de l'histoire andine !

 

Le condor dans l'histoire pré-hispanique

Comme si cela ne suffisait pas qu'il soit extraordinaire de part sa nature et ses caractéristiques même, le condor devient un animal passionnant dès lors que l'on s'y intéresse à la lumière de l'histoire du monde andin. Nazca, Aymara, Tiwanaku, Incas, indiens de Patagonie, autant de cultures et de civilisations qui ont voué et vouent encore aujourd'hui un culte au condor.

Les indiens Nazca (actuel Pérou) l'on représenté en géoglyphe, parmi les plus célèbres au monde, dans l'iconographie Tiwanaku (actuelle Bolivie) le condor, ou encore l'homme à tête de condor, tient une place essentielle, et dans la culture aymara le mallku kunturi (expression désignant le condor, mais bien plus encore...) est un "dieu", un esprit ou une force règnant sur les sommets, sur le monde d'en haut. Dans les hautes altitudes, le condor est le divin représentant de ces esprits supérieurs. Le kunturi n'appartient pas au monde des hommes, il est au-dessus d'eux. Il observe, protège, et crée un lien avec le monde des hautes sphères, avec le mallku.

Dans la mythologie inca, le condor est également le représentant du "monde d'en haut". Il appartient au trio des animaux sacrés, avec le puma et le serpent. Chacun de ces animaux symbolisant l'un des 3 mondes incas : le serpent pour le monde sous-terrain, la terre et peut-être bien la mort ; le puma pour le monde des hommes, le règne terrestre ; le condor pour le monde des cieux et du ciel, le monde d'en haut. C'est en tout cas l'une des interprétations qui est faite aujourd'hui en ce qui concerne notamment la croix andine, ou chakana, parfois construite symétriquement autour de 3 niveaux, autour de ces 3 mondes symboliques.
A l'intérieur même de la cité du Machu Picchu, un condor a été sculpté à partir des roches présentes naturellement sur le site. Les archéologues pensent qu'à cet endroit la tête sculptée du condor servait de réceptacle ou d'autel rituel.

Géoglyphe du condor, Nazca au Pérou (Photo: lejournaldarthur.files.wordpress.com)

Géoglyphe du condor, Nazca au Pérou (Photo: lejournaldarthur.files.wordpress.com)

Représentation stylisée de la Chakana (croix andine) avec la symbolique des 3 niveaux de monde du serpent, du puma et du condor.

Représentation stylisée de la Chakana (croix andine) avec la symbolique des 3 niveaux de monde du serpent, du puma et du condor.

Statue d'un inca, accompagné des 3 animaux sacrés : le serpent, le puma et le condor - Machupicchu pueblo (Photo : Eldesiertoflorido)

Statue d'un inca, accompagné des 3 animaux sacrés : le serpent, le puma et le condor - Machupicchu pueblo (Photo : Eldesiertoflorido)

Le condor sculpté au Machu Picchu (Photo et montage : Eldesiertoflorido)

Le condor sculpté au Machu Picchu (Photo et montage : Eldesiertoflorido)

Plus localement ici dans le nord du Chili, sur le territoire de la culture atacamène, on va bien évidemment retrouvé des traces du culte du condor. Que cette symbolique soit venue de l'extérieur ou non (par les Aymaras, Tiwanaku, Incas, ou autres), le fait est que les atacamènes se sont appropriés ce symbole. Très rare aujourd'hui, il se peut cependant que le condor ait été bien plus présent dans nos régions il y a de cela plusieurs centaines ou milliers d'années...
Aujourd'hui encore, certains atacamènes désignent le volcan "sacré" Licancabur par l'expression "Tata mallku likankoi", l'associant donc au symbole aymara mallku.

Tablettes de consommation rituelle d'alucinogènes avec représentations de condors, période d'influence Tiwanaku, retrouvées à San Pedro d'Atacama (Photos : www.scielo.cl)

Tablettes de consommation rituelle d'alucinogènes avec représentations de condors, période d'influence Tiwanaku, retrouvées à San Pedro d'Atacama (Photos : www.scielo.cl)

Pétroglyphes du Cerro Los Pintados, région Tarapacá - Iquique (Photo : Eldesiertoflorido)

Pétroglyphes du Cerro Los Pintados, région Tarapacá - Iquique (Photo : Eldesiertoflorido)

Condor ? Pétroglyphes du Cerro Los Pintados, région Tarapacá - Iquique (Photo : Eldesiertoflorido)

Condor ? Pétroglyphes du Cerro Los Pintados, région Tarapacá - Iquique (Photo : Eldesiertoflorido)

 

Le condor aujourd'hui

 

On se passera bien ici de traiter plus en détail "l'Opération Condór", nom donné à la campagne secrète d'assassinats et de "chasse aux sorcières" transnationale organisée contre les mouvances socialiste-marxiste-révolutionnaires dans les années 70 par plusieurs dictateurs de pays d'Amérique du sud, avec l'aide des Etats-Unis. Celle-ci méritant à elle seule un article à part entière.

Nous souhaitons plutôt évoquer ici de ce qu'il reste aujourd'hui dans la culture et dans l'imaginaire collectif sud-américain de ce symbole qu'est le condor. Il va de soit que ce que nous venons de traiter dans la partie histoire pré-hispanique est très lié à la persistance des exemples contemporains que nous présenterons ici. Et il apparait clairement que la force symbolique pré-hispanique du condor est encore aujourd'hui partie intégrante des sociétés modernes.

 

La fête du Yawar

Parmi les exemples actuels de tradition vivante et forte autour du condor, nous avons choisi d'évoquer la fête du Yawar au Pérou. Chaque mois de juillet dans certaines campagnes du pays est organisé la "fête du sang" (fiesta de Yawar). Cette tradition, apparue pendant la colonisation espagnole, est aujourd'hui une célébration forte pour les communautés locales indigènes. Elle est le résultat d'un étonnant mélange des cultures, espagnole et andine. Sur la base de la tauromachie, on ajoute un autre élément... et on vous le donne en mille, celui-ci est un condor !
Attaché sur le dos d'un taureau, le condor va asséner des coups de bec, "picorer", déchiqueter et lentement épuiser le taureau. Une fois sa victoire finale obtenue, l'oiseau sera libéré. Le taureau lui aura un avenir bien plus sombre... Que symbolise cette fête traditionnelle ? Pour les andins qui la pratiquent aujourd'hui, le condor représente l'homme andin, et le taureau est bien sûr la métaphore de l'espagnol. Plus grand et/ou plus fort que le condor à priori, le taureau est finalement battu par le champion andin. Sorte de revanche animale des indiens sur l'envahisseur européen. Évidemment, si pour telle ou telle raison le condor venait à mourrir lors du combat, cela signifierait un bien mauvais présage pour la communauté.

Statue représentant le combat du condor contre le taureau lors de la fête du Yawar (Place de Cotabambas, Pérou) Photo : wikipedia.org

Statue représentant le combat du condor contre le taureau lors de la fête du Yawar (Place de Cotabambas, Pérou) Photo : wikipedia.org

Condorito, un symbole chilien

Pour terminer notre article dédié au condor, nous souhaitions donner un exemple populaire de la présence du condor dans l'imaginaire de la société moderne chilienne. Et le meilleur exemple est bien le personnage de bande-dessinée Condorito.

Créé en 1949 par l'auteur chilien René Ríos Boettiger, également surnommé "Pepo" et décédé en 2000, Condorito (littéralement "petit condor") est un personnage culte de la bande dessinée chilienne, et même sud-américaine. L'histoire raconte que ce personnage fût créé par Pepo en réaction au déferlement de personnages issus de l'industrie nord-américaine Walt Disney. L'auteur ayant voulu créer un personnage aussi populaire que Mickey mais représentant la culture et l'imaginaire sud-américain. Comme s'il avait souhaité que le condor mange la souris tout cru, enfin sa carcasse disons... ! Rien de mieux effectivement que le condor comme source d'inspiration pour un personnage de fiction sud-américain.

Au fur et à mesure de ses aventures, généralement sous forme de petites scénettes d'une ou deux planches pas plus, on découvre en Condorito une "caricature bienveillante" du chilien moyen, issu de la classe populaire et modeste. Assez maladroit, toujours prêt à faire la fête, cherchant toujours un moyen de "travailler moins pour gagner plus", mais aussi d'une généreuse honnêteté, Condorito rassemble à lui tout seul les qualités et les défauts de la culture chilienne. Et quand on vous dit qu'il est très populaire ici, il a même été l'inventeur d'expressions aujourd'hui entrées dans le langage courant au Chili, comme par exemple "¡ Quedarse plop !" (rester plop! Rester bouche bée face à une situation absurde, surprenante), ou encore "mandarse un condoro" qui signifie faire une grave erreur, une maladresse...

Condorito et son fameux "¡ Plop ! "

Condorito et son fameux "¡ Plop ! "

Image : www.larousse.fr

Image : www.larousse.fr

Animal charismatique, emblématique, mythologique, et encore bien vivant (et on l'espère pour longtemps...), le condor méritait bien ces quelques lignes d'amour et de profond respect sur notre blog Eldesiertoflorido !

 

Plus de photos :

Photos : Eldesiertoflorido
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