L'année dernière, aux douze coups de minuit annonçant l'entrée dans l'année nouvelle, nous avions été surpris par des bruits de pétards, des hourras et une odeur singulière de brûlé qui nous venaient de la rue. 

En mettant le nez dehors, nous avions constaté que les petits personnages qui parsemaient les trottoirs depuis quelques jours étaient tous en train de brûlé gaiement, entourés des familles du voisinage.

Dans le nord des Andes, notamment en Colombie, en Equateur, au Pérou et donc, au nord du Chili, la tradition veut que pour entrer correctement dans la nouvelle année, on brûle l'année passée et tout ce qu'elle a pu apporter de mauvais. Pour ce faire, un personnage fait de vieux habits et de papier, le tout fourré de petits pétards, doit être brûlé à minuit pile.

En Colombie, il s'appelle "El Ano Viejo" (la vieille année), ici, il s'appelle "Le Mono" (le singe... et là on ne voit pas le rapport).

L'année dernière, un peu frustrés de ne pas avoir à brûler de Mono devant chez nous, nous avions prix la ferme décision d'être de la fête en 2012.

 

Novembre 2012 : La fin de l'année approche, nous commençons à parler à notre entourage du projet du Mono, histoire de glaner quelques informations à droite à gauche. Damnation, nous côtoyons majoritairement des chiliens originaires de la Vallée centrale ou du sud du Chili. Manifestement, cette histoire de Mono, ça ne se fait que dans le nord, et ils n'en savent pas plus que nous sur le sujet. Par contre, nous pourrons compter sur le soutien amusé de quelques amis.

Rassemblant nos souvenirs de ce que nous avions vu l'année dernière, nous commençons à faire la liste de ce qu'il nous faudra.

 

Décembre 2012 : Revenus de vacances, l'imminence de la fin d'année remet le Mono d'actualité. On en reparle autour de nous, on commence à chercher papier journal, pétards et vieux vêtements.

 

31 décembre : 11h30 dans le patio de la maison.

Nous avons de la peinture achetée dans le petit magasin voisin, des vieux vêtements donnés par des amis, du papier journal glané ça et là, un ballon baudruche, de l'eau et de la farine. Les pétards ne sont pas en vente libre à San Pedro, on nous a dit qu'une petite vieille en vendait dans le coin, mais faute de l'avoir trouvée, nous nous passerons de pétards. 

 

Première étape : la tête du Mono.

L'année dernière nous avions vu des Monos superbes, pas question que le nôtre ne ressemble à rien.

Des amis, qui ont vécu un nouvel an en Colombie nous donne la combine : un ballon baudruche, du papier mâché et le tour est joué. 

Pour information, il vous faut : 

- du papier journal découpé en bandelette

- un ballon baudruche

- de la colle à papier mâché faite maison

(la recette de la colle est la plus simple étape de la réalisation : faîtes chauffer 5 tasses d'eau dans une casserole jusqu'à ce que l'eau soit frémissante. Pendant ce temps là, mélangez dans un bol une tasse d'eau froide et une demie-tasse de farine. Une fois que l'eau est chaude, vider le bol dans la casserole et faites chauffer le tout à feu doux pendant deux ou trois minutes. quand c'est un peu gluant, c'est prêt !)

 

Tout est prêt sur la table dehors, il n'y a plus qu'à si mettre. Finalement, ce n'est pas si compliqué que ça : on trempe une bandelette de papier journal dans la colle, on enlève le surplus de la colle avec les doigts et on la pose sur le ballon baudruche, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il soit entièrement recouvert.

 

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Ensuite on fait sécher, puis on perce le ballon baudruche (juste en dessous du noeud pour ne pas qu'il explose et détruise votre oeuvre d'art), et on le remplit de papier.

La tête du Mono : OK !

 

Deuxième étape : le corps du Mono.

Là c'est tout de suite plus simple : il vous faut des vêtements dont vous voulez vous débarrasser, du papier et du carton.

Ma collègue, m'a refilée un sac entier d'habits destinés à la poubelle. Le choix se portera sur la thématique "étoiles et pyjama".

Comme il manque du papier pour donner une forme à peu près normal au corps du Mono, notre voisine, vient à la rescousse : elle nous avait gardé de vieux draps et des vêtements usés. Avec son aide, le corps du Mono prend forme petit à petit.

 

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Pour terminer notre Mono, nous ajoutons quelques accessoires : un chapeau et des lunettes de soleil. 

 

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Notre nouveau colocataire se la coule douce sur son transat en attendant son heure... A Minuit, il jouera le rôle de sa vie ! 

 

31 décembre : 21H00

En revenant de notre apéro-coucher-de-soleil dans le désert, nous parcourons les rues de San Pedro à la recherche des cousins de notre Mono. Il y en a peu sur les trottoirs, mais voici ceux que nous avons vus à proximités de la maison.

 

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Le champion toutes catégories était sur le bord de la route, Calle Gustavo le Paige. Il nous a fallut être à moins de 10 mètres pour être certains que c'était un Mono : 

 

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Nous aussi nous installons notre Mono pour qu'il prenne l'air pendant que nous allons dîner et pour qu'ils fassent enfin la connaissance de ses congénères et de nos voisins.

 

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31 décembre : 23h55 - Dans notre rue

La rue commence à s'agiter et nous rejoignons notre Mono sur le trottoir, accompagnés de nos voisins.

Certains monos commencent à s'embraser alors que de l'autre côté de la rue, le décompte commence à peine, manifestement on n'a pas synchronisé les montres. Nous, on offre la cigarette du condamné à notre Mono, et on trinque en se souhaitant une bonne année 2013.

Ca y est l'heure de vérité est arrivée, notre Mono-année-2012 doit partir en fumée si on veut que l'année 2013 ne commence pas sous de mauvais auspices.

 

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La rue est en flamme, les gens se promènent un verre à la main pour trinquer, pour se souhaiter la bonne année et pour commenter les monos des uns et des autres.

 

Les petits voisins d'en face ont l'air d'avoir remarqué que par chez nous, ça ne pétarade pas beaucoup. Ils se joignent donc à nous pour remédier au problème.

 

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Deux minutes après cette photo, un pétard un petit peu trop dosé va souffler le feu. Une fois la surprise et l'assourdissement passé, les enfants termineront leur réserve de pétards en allumant les mèches sur les braises éparpillées dans la rue.

 

31 décembre : 01h05 - Rue Volcàn el Tatio

Notre Mono a disparut après avoir pleinement rempli son rôle. Que l'année 2013 commence !

 

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Conclusion : 

Même si on s'y est pris un petit peu à la dernière minute, le "projet Mono" a comblé nos espérances.

On saura pour l'année prochaine que finalement le tissu brûle très bien et que pour les pétards, il suffit d'aller demander aux gamins d'en face où on peut en acheter.

 

On en a appris un peu plus sur les traditions locales du Nouvel An, alors rendez-vous l'année prochaine avec un nouveau Mono, des grains de raisins, des sous-vêtements rouges et/ou jaunes et un tour du quartier avec une valise à la main !

 

Bonne année 2013 à tous !

Tag(s) : #Culture locale - Festivités, #Français au Chili

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