Chilenos vs Franchutes (les chiliens face aux touristes français)

Je m'apprêtre ici à me lancer dans un exercice qui n'est pas sans danger... Cela faisait longtemps que je tergiversais sur l'idée, certes pas inintéressante mais néanmoins bancale, de dresser un portrait volontairement simpliste des "Chiliens" (homos chilensis modernus en latin, ou mecs d'Amérique du sud qu'on sait pas où est situé leur pays en français). Un portrait qui serait bien évidemment ponctué ici et là de grosses grosses généralités et de raccourcis de mauvaise foi en tout genre... Il se trouve que depuis tout ce temps je continuais à me dire que ce genre de généralités douteuses et de ségrégation culturelle n'étaient pas dignes de figurer dans ce blog, "aux articles ô combien sérieux" (sic!).

Or j'ai trouvé depuis peu la solution. Pour contrebalancer le fait d'être un rien critique envers mes concitoyens de résidence, il suffirait que mes concitoyens de naissance en prennent aussi pour leur grade. Mais était-ce vraiment intéressant de dresser le portrait du français lambda, alors que chacun de nous est capable de le faire aisément ?

J'ai donc décidé de dresser le portrait des français, mais pas n'importe lesquels, ceux que rencontre généralement le chilien travaillant à San Pedro, ceux que je commence à bien connaitre depuis bientôt 4 ans : les "touristes français" (homos francis viatoris en latin, ou pasajeros franchutes en chilien). Avant de commencer, je vais tout de suite couper court à tout suspens : dans ce duel, il y aura aucun vainqueur...!

 

Débutons donc tout de suite notre petit jeu des généralités, en commençant par nos amis les chiliens (honneur aux locaux bien entendu).

 

 

Le chilien...

> ... est fier d'être chilien.

> ... est fier de parler "chilien", ou qu'un étranger le parle également.

> ... n'aime pas trop ses voisins argentins, boliviens ou péruviens (ainsi que les autres pays d'Amérique du sud).

> ... passe son temps à critiquer les chiliens (du moins les autres que lui).

> ... se moque des "gringos" (habitants des Etats-Unis) mais n'aspire souvent qu'à une chose : vivre à "l'américaine".

> ... n'a jamais la même heure que vous.

> ... ne parle pas du passé, seulement du présent, et sa conception du futur se limite aux quelques jours à venir.

> ... veut profiter et gagner de l'argent le plus rapidement possible parce qu'on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve.

> ... homme, est généralement célibataire mais a souvent des enfants "qui vivent avec leur mère".

> ... ne parle pas de politique, mais trouve toujours que son pays est mal géré.

> ... ne sait pas dire non, même s'il sait que ce que vous lui demandez n'est pas possible ou qu'il ne veut pas le faire.

> ... est un entrepreneur né (tout est prétexte à imaginer un "business" potentiel).

> ... se plaint toujours que les autres soient en retard, mais lui-même n'est jamais à l'heure.

> ... est selon son histoire personnelle plus "allendiste" ou plus "pinochetiste", même si au choix : il ne veut pas en parler, ou il dénonce de toute façon les méfaits les plus violents de la dictature.

> ... est succeptible, mais ne vous dira jamais le pourquoi du comment quand il vous fait la gueule.

> ... sait qu'il pourrait construire les choses de manière plus solide et plus durable, mais tant que ça ne se voit pas, on verra plus tard...

> ... croit aux OVNI, et a toujours une expérience personnelle avec un OVNI qu'il vous racontera volontier, vous prenant au passage pour un naïf parce que vous n'y croyez pas...

> ... connait généralement moins les écrivains ou cinéastes de son propre pays, que les étrangers en visite.

> ... est Mapuche, Aymara, Atacamène, Rapanui, santiaguino, norteño, sureño, ou chilien quand ça l'arrange...

> ... possède un RUT (Rol Único Tributario, ou numéro d'identification unique, personnel et imprescriptible que se voit attribué chaque Chilien dès sa naissance. C'est le premier numéro que tout chilien se doit d'apprendre par coeur).

> ... aime le vin français mais n'ose pas trop le dire (il faut dire qu'il n'a généralement pas l'argent pour se le payer...).

 

Le touriste français...

> ... n'est pas un touriste comme les autres (du moins c'est ce qu'il pense).

> ... est compliqué (la bête noire des guides touristiques).

> ... a de l'argent mais n'aime pas le dépenser (du moins pas dans des trucs "à touriste").

> ... a "fait" le cambodge, "fait" l'Egypte, "fait" la Chine, ... Bien sûr cela ne veut pas dire qu'il a fabriqué tous ces pays, mais que ce pays, et celui-là, ou celui-ci... : "Ca, c'est fait !" (avec la fierté du devoir touristique accompli).  

> ... lorsqu'il visite une ville, il se doit d'aller visiter LE musée qu'il faut visiter. Parce que le touriste français est cultivé.

> ... n'est jamais complètement satisfait.

> ... a l'impression de se faire arnaquer (ce sentiment l'envahit en gros... dès qu'il dépense de l'argent dans un pays étranger).

> ... veut aller là où personne ne va, mais n'a pas le temps de sortir des sentiers battus.

> ... pense que tout lieu ou infrastructure touristique ou culturelle qui se respecte doit avoir quelqu'un qui parle français (même si sa langue n'est parlé que par seulement 3% de la population dans le monde...).

> ... pense que son interlocuteur étranger peut le comprendre en français s'il parle douuuuuuceeeeeeeeeemennnnnt. Faisant passer par la même occasion son interlocuteur pour un débile profond.

> ... veut "vivre une expérience forte et sincère avec les populations locales" (mais ne reste que 2 jours et visite les lieux et se loge dans les hotels recommandés par le guide du Routard).

> ... peut trouver la cuisine locale "intéressante", mais cela ne sera jamais à la hauteur de la "gaaastronomie" française.

> ... adore comparer un paysage vu au Chili, avec un autre paysage vu ailleurs dans le monde (cela lui permet aussi au passage de montrer à tous qu'il voyage beaucoup).

> ... pose beaucoup de questions à son guide, pas seulement pour avoir une réponse mais surtout pour vérifier les compétences du guide qui lui a été attribué.

> ... pense que le Chili est un pays du tier-monde, et ne comprend donc pas pourquoi les prix sont si élevés (sachant que le taux de croissance moyen du Chili sur ces 24 dernières années a été de 5,2%, alors qu'il a été de 1,5% pour la France).

> ... s'étonne toujours de voir beaucoup de touristes dans les lieux où il va. (Mais si le touriste français veut voir ces endroits, peut-être que les touristes du monde entier veulent aussi les voir).

> ... préfère aller en vacances au Pérou ou en Bolivie car il a enfin l'impression d'être riche (du fait de la différence importante de niveau de vie entre ces pays et le Chili et la France).

> ... et fier que la présidente chilienne ait un nom français : Michelle Bachelet. (Il oublie généralement que le dictateur chilien qui a "régné" sur le pays pendant plus de 15 ans avait lui aussi un nom français : Pinochet).

> ... aime le vin chilien mais n'ose pas trop le dire (il faut dire qu'il est généralement étonné de boire du bon vin à ce prix là...).

 

 

Et voilà pourquoi on les aime nos amis chiliens et nos touristes français ! Pas étonnant puisque nous même pouvons être à tour de rôle un peu de l'un, ou un peu de l'autre...

 

PS : Article écrit avec beaucoup d'amour et de compréhension, comme toujours ! A vos commentaires...

 

 

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Tag(s) : #Culture locale - Festivités, #Français au Chili

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